Victime d’un chauffard suicidaire, une femme indemnisée à vie

Dix-sept ans après avoir été victime d’un chauffard suicidaire et après 34 opérations majeures, Johanne Moore est devenue la première Québécoise à obtenir une aide personnelle à vie de la SAAQ

 

Le 24 novembre 1997 est marqué au fer rouge dans la mémoire de Mme Moore. Ce soir-là, en se rendant au travail, elle a croisé la route d’André Bisson. Ivre, il avait décidé de mettre fin à ses jours. «Il attendait qu’une voiture passe pour lui foncer dedans. C’était moi», dit-elle doucement en baissant la tête.

 

Heureusement, des ambulanciers se trouvaient tout près et ont rapidement pu se porter à son secours. «Entre les lieux de l’accident et l’hôpital, ils m’ont réanimée cinq fois. Je suis allée de l’autre bord et j’y ai vu mon père décédé», raconte-t-elle.

 

Mme Moore en est convaincue: c’est l’amour de ses trois filles, Mariane, Christine et Amélie qui l’a maintenue en vie.

 

Vie changée

 

Même si elle a finalement survécu à ce terrible accident, la vie de Mme Moore a changé à jamais, ce jour-là.

 

Au fil des années, elle a dû subir 34 opérations, et d’autres sont encore à venir. «On m’a complètement reconstruit le visage. Je n’avais même plus de nez. Les médecins ont dû me couper sur presque toutes les parties de mon corps», poursuit-elle.

 

En fait, les séquelles physiques et psychologiques de Mme Moore sont si nombreuses qu’il a fallu trois pages entières pour les détailler dans le récent jugement du Tribunal administratif du Québec. Tremblements, fatigue régulière, diminution de la force, articulations qui ne fonctionnent plus: la liste ne semble jamais finir.

 

«Encore aujourd’hui, je ne suis pas capable de me laver les cheveux ou les pieds. Mon médecin me prescrit des gouttes pour mes yeux, mais je ne suis même pas capable de les mettre seule», raconte-t-elle.

 

Indemnisation

 

Au terme d’un long combat, le Tribunal administratif vient tout juste de lui accorder une indemnisation à vie pour obtenir de l’aide personnelle, une première au Québec. «En restant seule à la maison, je pourrai me payer de l’aide. Tant qu’à vivre, je veux le faire du mieux que je peux», dit-elle.

 

Si elle est contente de ce jugement, Mme Moore n’a tout de même pas le cœur à la fête, aujourd’hui. «Des doutes, j’en ai eu. Souvent, je voulais tout laisser tomber.»

 

Et pour André Bisson? «Je ne lui ai pas pardonné encore. Il a gâché ma vie.»

 

Quelques-unes des blessures subies par Johanne Moore

 

  • Traumatisme craniocérébral
  • Multiples fractures du visage
  • Lacération du diaphragme
  • Plaie pénétrante au genou gauche
  • Fractures des côtes