Malgré des peines plus sévères pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité, plusieurs suspects continuent de prendre la fuite et le système judiciaire ne s’est pas adapté à la loi.

À Sainte-Thérèse, Sherbrooke, Terrebonne et Sainte-Perpétue, près de Drummondville, quatre tragédies mortelles avec délit de fuite se sont produites entre le 20 décembre 2012 et le 13 janvier 2013.

En moins d’un mois, quatre victimes innocentes ont perdu la vie et, chaque fois, les fautifs ont tenté de quitter les lieux sans offrir d’aide. Évidemment, les facultés affaiblies ont joué un rôle dans la plupart des cas.

Dans le premier cas, Françoise Perrier, 72 ans, a été heurtée par un conducteur toujours recherché par les policiers. À Sherbrooke, Martin Nadeau est accusé d’avoir fauché la vie de Roxanne Bouffard-Cyr.

Pas de changement

À Terrebonne, Yan Robitaille-Godin, un récidiviste de la conduite en état d’ébriété, a été accusé de délit de fuite ayant causé la mort de Marie-Claude Grenon, 53 ans. À Sainte-Perpétue, Pierrik Houle, 19 ans, a été happé par le présumé chauffard Guy Richard.

Le législateur a voulu punir aussi sévèrement le délit de fuite mortel et la conduite en état d’ébriété causant la mort pour diminuer le nombre de suspects qui décident de fuir volontairement les lieux d’un accident. Toutes les infractions ayant causé la mort sont aujourd’hui passibles d’une peine maximale d’emprisonnement à perpétuité. Dans les faits, les peines imposées aux criminels n’ont pas suivi la volonté populaire. La jurisprudence le démontre et des avocats souhaitent un changement de stratégie pour trouver une solution efficace à long terme.

«Habituellement, quand les gens se sauvent, c’est qu’ils ont les facultés affaiblies. Les peines dans le moment ne sont pas encore aussi élevées. Tu peux t’en sortir plus, c’est malheureux», explique l’avocat Jean-Pierre Rancourt.

Selon lui, des juges veulent montrer l’exemple et le changement se fera graduellement. «C’est inévitable, mais est-ce que ça réduira ce genre de criminalité? Pas certain.» Plusieurs croient donc que la gravité des peines n’a pas d’impact sur les comportements humains.

Stratégie différente

L’ex-ministre de la Justice Marc Bellemare plaide depuis longtemps pour l’obligation d’imposer une peine minimale dans de tels cas. «Il n’y a pas de changement du tout. À mon avis, ce fut inutile d’augmenter la peine maximale. C’était un objectif politique.»

Me Bellemare croit qu’une peine minimale produira des effets. «Je suis convaincu qu’une peine minimale pour les délits de fuite provoquera une réduction des cas, mais il faut en même temps faire une publicité intense autour de ça.»

Après le durcissement des peines en 1999 (dix ans ou perpétuité), une baisse a été enregistrée au cours des deux années suivantes, mais le progrès fut de courte durée.