Projet de loi C-10: Bellemare à Ottawa pour attaquer Québec

 
23/02/2012 12h46

En plus de pourfendre le gouvernement Charest, Marc Bellemare a accusé le gouvernement Harper pour la mauvaise presse dont jouit le projet de loi C-10 au Québec.

Publié par : Raymond Giroux

(Ottawa) Venu à Ottawa défendre le projet de loi C-10 sur la justice criminelle, Marc Bellemare a pourfendu le gouvernement de Jean Charest, accusant ce dernier de s’opposer à cette initiative pour des motifs électoraux.

«Il a toujours été payant pour le gouvernement du Québec de lancer une querelle avec le gouvernement fédéral à l’aube d’une élection provinciale», a-t-il souligné dans son mémoire au comité sénatorial sur la justice.Poussant l’attaque contre le gouvernement dont il était ministre de la Justice à son arrivée au pouvoir, en 2003, M. Bellemare explique qu’il s’agit là d’une «façon comme une autre de détourner l’attention de son refus obstiné de combattre la corruption dans l’industrie de la construction au Québec», a-t-il ajouté dans son document.

M. Bellemare en veut particulièrement au ministre Jean-Marc Fournier pour son intervention tonitruante du 1er novembre dernier devant les députés, alors qu’il avait expliqué aux conservateurs présents que «la Terre est ronde», une manière d’expliquer qu’ils n’avaient aucune preuve scientifique pour justifier leur politique contre le crime.

«Ses critiques étaient largement exagérées et sans nuances, a-t-il ajouté en point de presse après une comparution qu’il avait lui-même demandée. Personne ne peut prétendre [comme M. Fournier] représenter une majorité de citoyens.»

Pourtant, M. Bellemare justifie l’action gouvernementale par le fait que les conservateurs avaient promis de concrétiser ce projet de loi dans les 100 jours après leur arrivée au pouvoir et qu’ils ont obtenu la majorité des sièges au Parlement.

Il admet que lui non plus ne représente pas la majorité des Québécois, mais il se fie à un sondage de Léger Marketing de l’automne dernier et à «ce que j’entends», tout en reconnaissant que par sa profession, il fréquente évidemment plus naturellement le milieu des victimes de la criminalité.

M. Bellemare accuse également le gouvernement Harper pour la mauvaise presse dont jouit le projet de loi C-10 au Québec et invite ce dernier à concocter «un plan de communication plus agressif et plus présent» parce que, à son avis, la portée réelle du texte a été diabolisée.

«Le plan de communication est assez anémique, a-t-il dit en comité. Et le fédéral doit diffuser massivement le contenu du projet, et ce, particulièrement au Québec.»

Selon lui, le Québec «fait des choses extraordinaires avec les jeunes contrevenants», et le projet conservateur respecte son approche «sauf dans des cas extrêmes».

Associant le Barreau du Québec et celui du Canada aux critiques du ministre Fournier, M. Bellemare a souligné que chaque fois qu’il y a une nouvelle loi, «les lobbys débarquent», alors que «les victimes ne sont pas outillées» pour leur répliquer et que «les gens ordinaires ont peu de moyens d’expression».

Le défenseur des victimes d’accidents d’automobile était venu porter «un message d’espoir avant tout», a-t-il dit. Il était accompagné d’une dizaine de membres de familles de personnes assassinées.

M. Bellemare soutient qu’à certains égards, le projet de loi devrait aller plus loin encore et imposer, par exemple, des peines minimales contre les criminels de la route et alourdir les peines obligatoires contre les auteurs de crimes sexuels en position d’autorité.

Pension aux détenus

Il invite également l’État à imposer une sorte de pension aux détenus qui en ont les moyens financiers, comme cela se fait dans l’État du Connecticut.

S’inspirant de la pratique dans les centres jeunesse pour adolescents en difficultés, les centres d’accueil pour les personnes âgées et même les garderies à sept dollars par jour, M. Bellemare souhaite que le fédéral «se penche sans délai sur cette situation inéquitable».

Il ne propose aucune mesure ou méthode précise pour le moment, mais comprend mal que les contribuables paient pour l’emprisonnement de trois membres de la famille Shafia, de Montréal, à la suite d’un quadruple meurtre, alors que le père, Mohammad, est millionnaire et gère ses biens de son pénitencier.