«[Les criminels] savent ce qu’ils font», témoigne une ex-escorte

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En 2009, Dominique Martel est passée proche de subir le même sort que Marylène Lévesque, mais aux mains de Claude Larouche.
les-criminels-savent-ce-quils-font-temoigne-une-ex-escorte ». La femme se souvient de sa rencontre avec lui, le 17 octobre 2009. Sauvagement battue et étranglée, elle s’était défendue, et son agresseur avait pris la fuite.L’événement tragique qui coûté la vie à la jeune Marylène lui rappel de douloureux souvenirs.

TVA Nouvelles
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«C’est sûr que ça vient me chercher, dit Mme Martel, la voix nouée d’émotions en entrevue à Denis Lévesque. Ça ne devrait pas être. J’ai de la rage, de la colère, de voir que le système lui a ouvert les portes pour lui dire retourne faire des crimes.»

En 20 ans de métier, Dominique Martel en a vu de toutes les sortes. Son assaillant et Eustachio Gallese, présumé meurtrier de Marylène Lévesque, ne sont pas les seuls à être violents envers les travailleuses du sexe.

«Pour avoir une relation, moi j’ai besoin d’amour. Je ne pourrais pas avoir de relation si je n’aime pas la personne, mais la plupart des clients, eux autres ça ne les dérange pas. Il paie et… j’en ai vu de toutes les sortes», explique Mme Martel.

Dans ce métier, les femmes deviennent souvent de la marchandise, dit-elle.

«Ça démontre encore que les femmes ont beaucoup de chemin à faire au niveau de leur droit, de leur reconnaissance, de ce qu’elles sont et de la sécurité qu’elles méritent, ajoute Ann-Gaël Barrère-Whiteman, coordonnatrice de la Maison Jacqueline de la Rue des Femmes. Quand il a été autorisé à être avec une femme pour assouvir ses besoins sexuels, clairement on parle des travailleuses du sexe, mais c’est comme si on les catégorisait comme des moins que femmes.»

Pour Dominique Martel, ça ne fait pas de doute : ces hommes savent ce qu’ils font.

«Lui, sûrement, Gallese, il savait que cette journée-là, il allait la passer», raconte Mme Martel, qui précise que Claude Larouche s’était assuré qu’elle soit seule avec lui le soir où il l’a battu.

Pour l’avocat et ancien ministre de la Justice Marc Bellemare, la confiance des détenus envers la Commission des libérations conditionnelles est plutôt maigre.

M. Bellemare indique recevoir régulièrement des avis de la commission sur la libération d’un détenu, souvent avant terme, et avec un risque de récidive modéré.

«J’ai toujours trouvé que les détenus qui présentaient un risque modéré ne devraient pas sortir, explique-t-il. Automatiquement, ils devraient être gardés en dedans parce qu’un risque modéré, à mon avis, c’est trop élevé, surtout pour quelqu’un qui a déjà tué.»

Selon lui, la population devient en quelque sorte un cobaye puisqu’on ne sait jamais si le détenu va passer à l’acte.

M. Bellemare est catégorique : la commission fédérale n’a aucune crédibilité.

«Ils finissent tous par sortir, affirme-t-il. Gallese, en principe, n’était pas admissible à une libération conditionnelle avant 15 ans. Il est sorti avant. On ne lui a pas donné la libération conditionnelle, mais on lui donne des semi-libertés, alors on joue sur les mots.»

L’avocat croit que les détenus ont «beaucoup trop de liberté et que tout est axé uniquement sur le détenu», faisant en sorte qu’on «n’écoute pas» les victimes.