Les avocates prennent leur place

21 février 2011 à 20h00

(Québec) Il y aura maintenant 70 ans que les Québécoises peuvent accéder au Barreau. D’une présence modeste dans les premières années, elles en sont venues à représenter près des deux tiers des inscriptions à la faculté de droit de l’Université Laval et prennent de plus en plus leur place aux plus hauts échelons de la profession.

Publié par : Le Soleil

En 1941, après plus de 25 ans de lutte, les femmes ont enfin pu exercer la profession d’avocat au Québec. Les portes du Barreau leur étaient désormais ouvertes.En 2011, on retrouve des femmes siégeant à la Cour suprême, à la Cour supérieure, à la Cour d’appel et dans tous les autres tribunaux. Au sein de la section Québec du Barreau, elles sont plus nombreuses à pratiquer le droit que les hommes.

Est-ce à dire que l’égalité est maintenant atteinte? Me Lu Chan Khuong, bâtonnière de Québec, et Me Kim Thomassin, directrice du cabinet McCarthy Tétrault pour la région du Québec, s’entendent pour dire que tout pointe dans la bonne direction.

«C’est bien, mais il y a encore des défis à relever, particulièrement au chapitre de la conciliation travail-famille, affirme Me Khuong. En général, on n’avance pas aussi vite que les hommes au sein d’un cabinet.»

«En moyenne, les femmes passent 15 ans de leur carrière en pratique privée, puis elles se dirigent vers l’entreprise ou elles sont nommées à la magistrature – ce qui est très bien -, mais c’est un problème, poursuit la bâtonnière. La rétention des avocates est plus difficile.»

Me Kim Thomassin est une belle preuve que les hautes sphères de la profession sont désormais ouvertes aux fem­mes. Fin trentaine, elle fait déjà partie de la direction nationale de l’important cabinet McCarthy Tétrault.

«Les femmes ont pris la place qui leur revient, autant dans les facultés que dans les cabinets, souligne-t-elle. D’ailleurs, nous notons qu’il y a de plus en plus d’avocates au service des con­tentieux des entreprises qui font affaire chez nous.»

Son collègue chez McCarthy Tétrault, Me Marc Dorion, abon­de dans le même sens. «J’ai vu la différence de représentation au fil des ans. Les femmes remplissent des rôles de plus en plus importants. Par exemple, plusieurs femmes ont été élues sur notre C. A.»

Souplesse

Afin d’accommoder les jeunes avocates – et les jeunes avocats aussi -, les cabinets ont de plus en plus recours au temps flexible et aux semaines de quatre jours.

«Les femmes peuvent progresser aussi vite que les hommes, indique Me Thomassin. Si la maternité peut retarder un peu, ce n’est vraiment pas significatif. Nous sommes vraiment sur la bonne voie et on le sent. Les femmes sont de plus en plus mobilisées et les avocates avec plus d’expérience prennent les plus jeunes sous leur aile.»

«Les cabinets sont bien cons­cients qu’ils doivent faire preuve de souplesse, ajoute Me Khuong.

Il y en a même qui ont mis en réseau le bureau et la maison pour permettre aux avocates de travailler de chez elles. Il y a aussi une question de coûts derrière ça. Perdre une avocate qu’on a formée représente des coûts énormes pour un cabinet.»