Fusillade à Marieville en 2015: la famille d’une victime sera indemnisée par l’IVAC

 Près de cinq ans après la fusillade ayant coûté la vie à Michel L’Italien, la veuve et trois des enfants du Marievillois seront finalement indemnisés par l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC).

La Voix de l’Est
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Le Tribunal administratif du Québec a tranché en faveur de Mélanie Joyal et de ses quatre enfants d’âge mineur à la fin avril. Auparavant, ceux-ci n’étaient pas reconnus comme étant « victimes d’un crime » au sens de la loi, mais plutôt comme proche et personnes à charge, ce qui leur avait valu une indemnité de décès, sans plus.

Dans leur décision datée du 29 avril dernier et dont La Voix de l’Est a obtenu copie, les juges administratives Michèle Randoin et Christine Côté donnent toutefois raison à la mère de famille, représentée par l’avocat Marc Bellemare, qui contestait cette interprétation.

« Le Tribunal estime que les événements entourant la perpétration du crime ne sont pas limités au moment précis et au lieu des meurtres eux-mêmes », font valoir les juges qui, au terme des audiences, sont convaincues que « toutes ces personnes ont subi non seulement un deuil, mais aussi un choc mental ou nerveux » découlant directement de l’assassinat de Michel L’Italien, le 8 juillet 2015, dans une sordide affaire aux airs de règlement de comptes.

Marcel Émond, un ami de la famille, avait également perdu la vie lors de la cavale meurtrière de Daniel Massé, retrouvé mort le lendemain à Roxton Pond. Un geste volontaire, avait conclu l’enquête.

 

Traumatismes et séquelles

Mme Joyal se trouvait en camping avec ses quatre enfants, âgés de 10 mois à 11 ans au moment des faits, lorsqu’elle apprend, par son père, que quelque chose s’est produit au garage familial et que quelque chose était arrivé à son conjoint.

Paniquée, elle se précipite sur les lieux avec ses rejetons, à qui elle demande de l’attendre dans la voiture.
« C’est alors qu’elle constate la scène: il y a des chiens, des véhicules de police, des ambulanciers et des véhicules d’urgence, une ou des civières recouvertes d’un drap blanc, des camions blancs ainsi que des journalistes », relate le jugement.

Sur place, la Marievilloise est informée par les policiers que son conjoint a été tué. « Les enfants demeurés dans la voiture sont témoins de toute la scène », ajoute-t-on.

Les jours qui suivent sont particulièrement pénibles et chargés d’émotions pour la famille, qui ignore à ce moment-là qui est l’auteur du crime et dans quelles circonstances celui-ci a été commis. Comme l’auteur des meurtres était en cavale, la mère de famille craignait alors pour sa sécurité et celle de ses enfants.

Qui plus est, au lendemain du meurtre, elle se rend au garage familial avec son père. Elle y découvre une scène de crime où sont bien visibles des taches de sang et des trous de balle dans une porte.

Les cinq membres de la famille ont obtenu un suivi psychologique.

La mère a obtenu un diagnostic de syndrome de stress post-traumatique et d’une dépression majeure directement lié aux événements traumatisants de juillet 2015.

Les enfants présentent plusieurs séquelles psychologiques en raison du décès de leur père et des informations qu’ils ont apprises concernant les circonstances entourant celui-ci. Les trois aînés sont en proie à de l’angoisse, de la peine, de la panique et des cauchemars.

Quant au cadet, bien qu’il était trop jeune pour comprendre la situation en 2015, il grandira en se posant des questions, est-il souligné. Cela ne le rend toutefois pas admissible à une indemnisation. « Il ne s’agit pas de blessures subies à l’occasion des événements, mais de conséquences futures de la perte de son père dans sa vie », écrivent les juges.

M. L’Italien était aussi le père de deux autres enfants d’âge adulte.


Marie-Ève Martel
MARIE-ÈVE MARTEL