Disparition de Marilyn Bergeron : la CAQ doit « passer de la parole aux actes »

« Tout n’a pas été fait pour retrouver ma fille », se désole la mère de Marilyn Bergeron, disparue il y a 11 ans. Andrée Béchard demande au gouvernement de la Coalition avenir Québec de « passer de la parole aux actes » en mettant sur pied une brigade mixte dédiée à la recherche de personnes disparues.

Marc-Antoine Lavoie/Radio Canada

La proposition de créer une escouade composée d’enquêteurs affectés à temps plein à la recherche de personnes disparues avait été appuyée l’an dernier par le député de Lévis, François Paradis, lors d’une marche commémorative.

François Paradis a pris la parole lors de la marche commémorative soulignant les 10 ans de la disparition de Marilyn Bergeron en avril 2018. François Paradis a pris la parole lors de la marche commémorative soulignant les 10 ans de la disparition de Marilyn Bergeron en avril 2018. Photo : Radio-Canada

Maintenant que la Coalition avenir Québec (CAQ) est au pouvoir, la famille Bergeron tient à rappeler cet engagement. « On ne voudrait pas que ça tombe aux oubliettes », affirme Mme Béchard.

Marilyn Bergeron est portée disparue depuis le 17 février 2008. Elle a été vue pour la dernière fois au Café Dépôt du secteur Saint-Romuald à Lévis.

Elle venait alors de quitter Montréal pour revenir vivre chez ses parents à Québec. C’est pourquoi le Service de police de la Ville de Québec a été chargé de l’enquête.

Andrée Béchard, la mère de Marilyn Bergeron. Andrée Béchard, la mère de Marilyn Bergeron. Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Lavoie

Nous on demande un nouveau regard et c’est par la Sûreté du Québec qu’on le veut. Après 11 ans de disparition, je pense que c’est légitime.

 Andrée Béchard, mère de Marilyn Bergeron.

« Maintenir la structure en place »

Le ministère de la Sécurité publique (MSP) répond qu’une équipe spécialisée pour les disparitions a été mise en place et est dirigée par la SQ.

« Cette équipe a créé un mécanisme avec d’autres corps policiers et jusqu’à maintenant, ceci fonctionne très bien. La SQ recommande de maintenir la structure en place, ce que le MSP a approuvé », a répondu le ministère par courriel.

Cette équipe ne comprend toutefois pas d’enquêteurs d’autres services de police. Le MSP ajoute que tous les corps de police au Québec ont la capacité de mener des enquêtes de disparition.

La mère de Marilyn Bergeron soulève toutefois que cette équipe mise sur pied en 2013 n’est pas chargée de l’enquête sur la disparition de Marilyn Bergeron. Le Service de police de la Ville de Québec peut collaborer avec la SQ, mais n’a pas cette expertise à l’interne.

« Il n’y a pas d’enquêteur qui travaille que sur les disparitions. Ça prend une expertise différente parce que plus vous travaillez des dossiers de disparition plus vous devenez des experts », soutient Andrée Béchard.

Me Marc Bellemare au téléphone dans son bureau de Québec. Me Marc Bellemare aide la famille Bergeron dans ses démarches Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Lavoie

Me Marc Bellemare, qui aide la famille dans ses démarches, croit pour sa part que la Sûreté du Québec devrait être saisie automatiquement des cas d’enlèvement ou de disparition suspecte.

« La ministre de la Sécurité publique devrait faire ce que François Paradis avait promis lors de la marche de la famille Bergeron. C’est-à-dire que c’est la SQ, qui sera aux affaires dans les cas d’enlèvement et dans les cas d’assassinats. Ce sont les crimes les plus sévèrement punis dans le Code criminel », mentionne l’avocat.

« Pas une simple disparition »

Dans les jours précédant sa disparition, la jeune femme de 24 semblait inquiète et craintive selon les témoignages de ses proches. Me Bellemare croit qu’un acte criminel a été commis.

« Nous savons que Marilyn, dans les semaines qui ont précédé sa disparition, se sentait menacée, elle avait vu ou assisté à un crime. Elle avait été témoin de quelque chose de grave. Elle se sentait menacée », rappelle l’avocat de Québec.

Me Bellemare estime donc que ce dossier ne doit pas être traité comme « simple disparition ».

À mon avis, il n’est pas normal qu’un corps de police municipale qui n’a pas nécessairement l’expertise, l’expérience, les budgets et les ressources, les techniques d’enquête, soit seul dans la recherche d’une personne disparue.  Marc Bellemare, avocat.

Le rapport familial sur la disparition non résolue de Marilyn Bergeron.La famille de Marilyn Bergeron a multiplié les démarches pour faire avancer l’enquête sur sa disparition. Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Lavoie

L’exemple de l’Ontario

En 2006, La Police provinciale de l’Ontario a mis sur pied l’Unité des personnes disparues et des corps non identifiés, soit une équipe d’enquêteurs à temps plein pour les personnes disparues.

En 2010, l’unité avait élucidé 41 cas de disparitions suspectes pour ainsi faire passer le taux de résolutions de 20 % à 30 %.

Des données de l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues notent qu’au Québec ce taux ne dépassait pas 15 % en 2009.